7 juin 1943, il fait un temps splendide dans le sud de la France.
Le Focke Wulf FW 200 « Condor » numéro 52 de l’escadrille KG40 (insigne) décolle de Lecce, dans le sud de l’Italie en direction de l’Allemagne.
Les Condor (photo 1) sont des quadrimoteurs allemands à long rayon d’action. Basés sur la côte atlantique, ils harcèlent les convois alliés et envoient par le fonds les cargos qui ravitaillent l’Angleterre.
Celui-ci, immatriculé F8+PT, transporte 6 hommes. Le pilote Georg Ulrici est originaire de Wiesbaden et il a 22 ans. Il y a aussi quatre hommes d’équipage et un « monteur » de l’usine Focke Wulf, Alfred Zitzen. C’est un vol de convoyage, l’avion n’est pas armé et les soldats l’ont chargé d’objets personnels et de souvenirs pour
leur proches : caisses de vin, nourriture, tabac, habillement, sacs à mains et chapeaux de femmes, etc…
Quelques heures après le décollage, vers 13h30 et alors que l’avion survole la région de Najac, un moteur prend subitement feu. L’incendie est tellement violent que le bâti-moteur fond, le moteur se détache de l’aile et tombe dans un vallon. La situation est grave car l’aile qui brûle risque de se replier à tout moment. Devenu asymétrique, l’avion est difficile à contrôler. L’équipage cherche à se poser en urgence mais la région est très vallonnée. Georg Ulrici repère un sommet relativement plat, le « Pech », et il tente une approche désespérée vers cette courte piste de fortune. Cent cinquante mètres avant le début de cette piste improvisée, l’appareil accroche des arbres mais il réussit à poursuivre son vol. Il touche durement la lande, continue droit devant lui en semant des pièces sur son chemin.
L’avion percute un talus, se soulève, se casse en deux et retombe, dégageant une immense fumée.
Au même moment, la famille P. se promène sur le Tech : elle voit tout ! Suzette, âgée de sept ans ramasse des coquelicots, lorsqu’elle entend le bruit d’un avion. Levant la tête, elle voit une lumière sur l’avion (certainement l’incendie) puis elle distingue un objet tombant de l’avion (le moteur). Elle a l’impression que l’avion vient vers elle. Prise de panique, elle s’enfuit et va se cacher dans les fougères. Conséquence de cette immense frayeur, Suzette aura peur des avions toute sa vie !
Ses sœurs Elise et Henriette ont également vu le crash. Dans la panique générale, elles filent se cacher dans le lit de la maison familiale sans que leurs parents les voient. Elles ne seront retrouvées par leurs parents – morts d’inquiétude – que dans la soirée.
Dans un bois voisin, un jeune français est caché pour fuir le STO : voyant l’avion allemand arriver, il s’enfuit de peur d’être fait prisonnier. …
La suite dans Monnaies & Détections n° 79