Suite des cahiers de prospection tenus après chaque sortie depuis 1993 par un fidèle abonné de la revue. Alexandre
Samedi 12 juillet 1997
L’après-midi je monte chez Gérard. Il me donne un bouquin sur les fantassins en 1914 et tous les numéros de L’Illustration de 1914. Je pars passer le détecteur autour de Roudat. Je trouve une pièce de 20 centimes de 1932 derrière le pigeonnier en ruine. Il y a un poirier dans la haie qui part du Janet le long du chemin qui monte vers le haut de la colline, je réussis à attraper quelques poires malgré les ronces, ce sont des « pérots » qui commencent à murir, très parfumés.
Dimanche 13 juillet 1997
Je reprends la prospection à Rieumajou à 13 h. Il fait très chaud. La moissonneuse est en train de couper le blé dur après la rangée d’arbres sur le plateau, là où Gilbert est tombé. Je passe le détecteur sur la zone habituelle mais ce n’est pas évident, je ne peux prospecter que sur les traces de la machine ou des tracteurs qui sortent les bennes car le chaume est trop haut. Je trouve une petite boucle toute couverte de concrétions, je pense qu’en fait elle a dû brûler, les concrétions sont toutes noires, elle a sûrement brûlé soit dans un incendie, soit sur un bûcher funéraire. Je trouve aussi plusieurs balles rondes de mousquet, en plomb, puis en descendant la pente au-dessus du chemin, après la ferme, en allant vers le bois, un joli petit ardillon scutiforme et une grosse pièce en bronze mais complètement lisse.
Dimanche 20 juillet 1997
Pendant qu’Axel est à l’Ariège avec ses copains, je pars détecter à l’endroit de la chapelle médiévale disparue au-dessus de Talers. Le blé est ramassé mais le champ n’est pas disqué, ce n’est pas très commode mais je trouve quand même cinq doubles tournois et une petite boucle médiévale rectangulaire. Les pièces sont cantonnées dans l’angle de la haie qui part de la route, au bord du champ côté village, juste avant les débris de briques et les galets.
Lundi 21 juillet 1997
Il fait très chaud. A 14 h Axel part avec ses copains à l’Ariège et je vais faire le gué juste après Saby. L’eau est très basse, pas froide du tout. Je détecte dans l’eau et sur les parties asséchées, je trouve quantité de clous et de bouts de fers de bœufs et de chevaux, des plombs et des balles de pêche, ainsi qu’un gros plomb pour lester les filets, ils devaient pêcher à l’épervier. Je ne fais qu’une pièce, un gros bronze tout lisse. Le soir de 18 à 20 h pendant qu’Axel travaille au camion pizza, je vais faire un tour à Rieumajou, mais ce n’est toujours pas disqué. Je trouve quand même un petit bronze romain en face de la rangée d’arbres en montant.
Vendredi 25 juillet 1997
Vers 19 h après le souper je téléphone à Philippe pour savoir si je peux aller détecter dans le champ qui est au bord de la route, au-dessus du gué, car j’ai vu qu’ils l’ont disqué. Il est d’accord sans problème mais il me dit qu’il a souvent vu des gars qui « passaient la poêle » sans jamais être venus le voir. Je pars aussitôt. Le champ domine l’Ariège, encaissée plus bas.
Les traces de briques et de galets sont plutôt vers la ferme. La villa avait une vue magnifique sur la rivière et toute la plaine. Il y a des bouts de tegulae et de sigillée tardive (1 bord, 1 fond complet de petit bol, mais sans aucune estampille). Je sors quantité de plombs informes, et neuf pièces : un demi-as de Nîmes, très beau, un autre mais complètement lisse, une grosse pièce en bronze, épaisse, très usée, on voit juste les S C, quatre petits bronzes très abimés, une petite pièce bien ronde, en argent, mais toute lisse, 2 francs de 1949, un anneau de bronze, minuscule. Le site a l’air très pauvre en trouvailles, mais s’il est très fréquenté, il ne reste peut-être plus grand-chose.
Il y avait une belle fouine morte au bord de la haie. Je repars à la tombée de la nuit.
Samedi 26 juillet 1997
A 15 h je monte chez Jean-Marie à la métairie du Tascle, il m’amène derrière la ferme de Courbières dans un bas-fond, le long d’un petit ruisseau. Il y a effectivement plein de briques, et les vieux parlent d’une briqueterie. En fait, je remarque en cherchant un peu, des bouts de tuiles à rebords. Je commence à détecter et je trouve tout de suite un double tournois lisse. Mais après, plus rien, même pas de ferreux. On insiste une bonne heure puis on remonte. En repartant, je m’arrête dans le champ au-dessus du gué en laissant la voiture au bord de la route, à l’entrée du champ. Je prospecte toute la longueur du champ plusieurs fois, en espérant repérer un chemin qui devait partir de la villa vers la rivière, car ils étaient obligés de traverser le champ sur la longueur pour rejoindre le chemin de terre qui va de la route à l’Ariège, c’est le seul endroit qui permette l’accès, le reste du terrain est tout en falaises. Mais je n’ai que de rares sons de ferreux. En revenant vers la zone de briques, je sors une petite bague de bronze et un gros poids de plomb.
Dimanche 25 juillet 1997
L’après-midi, à la demande de Jean-Marie, je reviens quand même à Courbières mais de nouveau on ne trouve absolument rien. Il fait une chaleur épouvantable dans ce bas-fond. On trouve seulement un beau morceau de poignée d’amphore. On repart à 16 h tellement il fait chaud.
Vers 18 h je remonte à Rieumajou. Je laisse la voiture dans le chemin, et je commence à détecter en montant, avec les écouteurs que je suis allé acheter à Toulouse dans la semaine. C’est beaucoup plus efficace que le haut parleur du boitier. Je trouve deux plombs minuscules en montant, mais le plateau n’est toujours pas disqué et le chaume perturbe le détecteur quant on le touche avec le disque. En repartant je trouve un vieux briquet de grand-père en cuivre, à essence, contre la haie, devant la cabane de vigne qui domine toute la plaine.
Lundi soir 28 juillet
De 19 h à 22 h je reviens détecter à Rieumajou car ils ont disqué tout le tour du champ sur le plateau, juste un passage, une contournière. Je la prends juste en bas. Je mets les écouteurs. Je ne trouve rien en montant, par contre, arrivé en haut, dans l’angle du champ en regardant vers le haut de la colline à droite (là où se trouvent quelques éclats de briques pleines et de gros galets : cabane de vigne, ancienne maison ?) je trouve coup sur coup 5 doubles tournois, 3 gros et 2 petits, complètement lisses, dans le même alignement. Je pense qu’ils sont sur un ancien chemin qui faisait le tour du plateau et conduisait à une construction dans l’angle. Puis en redescendant, à peu près à l’endroit du briquet, je sors un morceau de plomb avec des dessins et des lettres, une tête de clou en cuivre, un bouton comme un bouton de jeans, et encore un double tournois lisse. Il fait très beau, très chaud, la vue est magnifique depuis le fond du plateau, avec toute la plaine lumineuse dans le couchant. On entend des tourterelles sauvages dans le bois au-dessus. J’ai fait aussi partir des cailles et des lapins dans le chaume, et j’ai vu que les sangliers se sont roulés dans les tas de paille rejetés par la moissonneuse.
… La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 99