Puisque la dynastie des Kim a été évoquée dans le n° 130 de M&D, consacrons-nous à
celle des Yi, qui, elle, a régné sur plusieurs siècles et sur toute la Corée.
E n 1423 de notre ère, le roi Sejong introduit des monnaies de cuivre d’une valeur de 1 jon qui
comportent à l’avers les caractères (chinois) o-son-t’ong-bo. Ce type va perdurer deux siècles, il est remplacé par le sang-p’yong-t’ong-bo. Lequel va circuler, lui aussi deux siècles, nous emmenant à la seconde partie du XIX e siècle… Il sera coulé dans 52 ateliers différents qui se différencient par une marque d’atelier au revers (en caractère chinois) accompagnée d’un chiffre de monnayeur. Rapidement, des monnaies de deux jons, faisant un peu plus de 9 grammes seront émises, alors que celles d’un
jon varient de 4 à 4,5 grammes. En plein milieu de cette “période” sang-p’yong-t’ong-bo, précisément en 1742, les chiffres coréens pour désigner, au revers, le fourneau du monnayeur sont remplacés par un caractère chinois pris dans le “Livre des 1000 caractères”. 1 et 2 jons, c’était un peu court pour échanger ; aussi, en 1793, l’on fit des monnaies de 10 jons (chip-jon-t’ong- bo à l’avers, toujours en chinois) … De tailles variables, au revers nu, elles sont rares, car leur émission cesse l’année de l’avènement d’un géant en Europe (ce qui n’a rien à voir mais permet de retenir la date) : 1804. Pendant deux années, on s’essaya à une monnaie de 100 jons, laquelle déclencha une inflation colossale avant d’être retirée en 1868. Cet échec pour le commerce, mais rentable pour l’État, amena une autorisation de circulation pour les sapèques chinoises. L’empire de Chine étant alors le suzerain du royaume de Corée, son écriture
étant pratiquée par les lettrés de préférence à l’alphabet coréen, les monnaies de l’immense voisin représentèrent bientôt un tiers de la circulation monétaire. En 1883, une monnaie de 5 jons fut brièvement émise, là aussi avec des tailles variables et, donc un nombre incroyable de variétés. Toutes ces monnaies furent massivement exportées après 1906, pour la refonte, afin de pallier à la pénurie mondiale de cuivre. Mais depuis 1894, la Corée est sous influence japonaise. L’Empire du Soleil Levant a rem- placé la suzeraineté, toute théorique, de celui du Milieu lequel consacre toutes ses maigres ressources militaires à lutter contre les Français au Tonkin depuis dix ans. Exit la Chine, donc, et arrivée des Japonais qui sont
rapidement défiés par les Russes. Eux aussi aimeraient bien mettre la main sur la péninsule coréenne mais leur défaite inattendue contre les Japonais va accélérer la chute de la monarchie coréenne qui ne peut plus jouer sur plusieurs tableaux. Avant de la liquider, les Japonais
La suite de l’article sur le numéro 133 de la revue Monnaies&Détections.