Madame, Monsieur,
Notre communauté de prospecteurs se révolte de cet article à charge rédigé par Delestre et repris, in petto, sans analyse critique et contre point de vue par Monsieur Pierre Barthélémy appointé comme journaliste dans votre rédaction. (C’est peut-être pour cette raison qu’il n’a fait qu’un bref séjour chez notre confrère Science & Vie…).
Si vous le permettez, reprenons point à point le travail partiel de votre collègue :
1° paragraphe : D Garcia s’offusque du nombre important de monnaies gauloises en vente sur Ebay. Tapez pièces de 2 euros commémoratives et vous trouverez un résultat vingt-huit fois supérieur. Que veut Garcia ? Il aimerait que toutes les monnaies frappées et de même type soient entreposées dans un musée ? Le caractère répétitif de l’objet nuit à l’intérêt d’une exposition et il n’y a pas assez de musée en France pour pouvoir toutes les exposer. De plus, il faut savoir qu’à chaque inventaire décennal des musées, les mots qui reviennent le plus souvent sont : « Disparu de la collection ». Enfin pour terminer sur ce point, sachez que sans collectionneurs, la numismatique serait toujours une science balbutiante et que le gros contingent des visiteurs de musée sont issus de ce loisir et sont les premiers intéressés à bas- culer dans la conservation du patrimoine.
En suivant, Dominique Garcia se fend d’un laïus sur les nouvelles technologies des appareils qui pourraient donner la forme de l’objet, c’est à hurler de rire ! Et que votre journal se fasse l’écho de telles absurdités ne lui rend pas honneur !
Il est vrai qu’une minorité des UDM se rendent sur des sites archéos. Mais doit-on supprimer les automobilistes et les voitures parce qu’il y a quelques chauffards ? De plus, s’agissant de la perte d’information suggérée par Delestre, sachez qu’une majorité de sites archéo est sous des labours agricoles et qu’une étude menée par les Anglais sur dix ans rend compte de la perte irrémédiable des artefacts dans ces sols.
Fatigué de répéter toujours les mêmes choses je vous joins le texte fait à l’occasion d’un autre article que nous avons fait paraitre dans notre bimestriel Monnaies&Détections :
Ok le paysage est posé et voici ce que nous devons tous rétorquer en commentaires sur les réseaux sociaux et vous pouvez vous inspirer de ce texte en citant la source.
1 : Il n’y a plus de couches archéologiques et les archéologues enlèvent aux bulldozers cette strate remuée par les engins agricoles pour travailler dessous sans se préoccuper de ce qu’il pourrait y avoir dans la couche enlevée. Nos détecteurs, dans 99.99 % des cas ne vont pas au-delà de la couche travaillée par l’agriculteur donc nous n’interférons jamais avec l’intérêt des archéologues quand nous prospectons un terrain agricole.
2 : Tous les objets archéologiques petits et grands, incluant tous les métaux sans exceptions ou autres matières (verres, poterie, os, pierre) sont attaqués chaque année par les produits chimiques déversés par les agriculteurs, oxydant de manière irrémédiable la plupart des métaux. Les engins agricoles ne sont pas en reste et déchiquètent petit à petit et à chaque passage un peu plus le moindre artefact dans le sol cultivé. Le prospecteur qui ôte une trouvaille de ce sol sauve cet objet d’une destruction
irrémédiable.
3 : En Angleterre, l’archéologie officielle a commandité une étude scientifique pour analyser la vitesse de destruction des objets archéologiques dans les champs cultivés. Cette étude s’appelle : « Les effets des labours sur les artefacts enfouis» par Julian D Richards et D. Haldenby. L’étude s’est faite sur une dizaine d’années et le résultat fut à ce point inquiétant que je vous cite un extrait de la conclusion : « De manière cruciale, les résultats montrent que le niveau de fragmentation des artefacts récupérés augmente avec le temps. Le labour est la cause principale de la dégradation complète des artefacts métalliques. Et donc la récupération par détection de métaux (bien que certains soient destructeurs) est préférable à l’alternative de ne rien faire… » Lien de l’étude anglaise : https://eprints.white- rose.ac.uk/42708/1/
4 : Pourquoi le petit soldat médiatique de M6 interroge Desforges sans interroger l’autre camp qui aurait pu faire valoir tous ces arguments recevables pour le téléspectateur ou le citoyen totalement étranger à ce débat spécifique ? Parce que on ne peut plus faire confiance ni à la télévision ni aux journaux mainstream qui ne font que rabâcher la parole officielle sans ouvrir de débat constructeur. Alors Monsieur le citoyen lambda, quand vous verrez un prospecteur dans un champ, au lieu de penser que c’est interdit comme on essaye de vous le faire croire, dites-vous qu’il participe au sauvetage du patrimoine commun et félicitez-le…
Revenons à votre article et passons sur le militariat.
Étant du Sud, je n’ai pas assez de référence pour argumenter mais le peu que j’ai pu voir sur les forums ressemble à s’y méprendre à la communauté des collectionneurs tout acabit qui collectionne objets US et autres objets des armées du monde sans se focaliser particulièrement sur les nazis, Delestre essaye juste de faire passer les prospecteurs pour des fachos. Ce même personnage se permet d’assurer qu’il en sait plus que les prospecteurs sur le nombre ridiculement bas de trouvailles intéressantes annoncées par an !
S’est-il déjà posé la question du temps de prospection de chaque UDM ? Entre les obligations familiales, le travail et le temps libre ? Cela laisse pour la grande majorité des prospecteurs trois heures par semaine régulièrement et environ six sur de gros weekend entre copains.
Savez-vous le temps qu’il faut pour extraire avec un petit piochon sur un sol non travaillé un objet à vingt centimètres (et donc potentiellement ancien ?) ? Environ un quart d’heure car un prospecteur confirmé fait attention à ne pas toucher l’objet à contrario de l’exemple donné dans votre article (certainement un débutant qui a bénéficié de la légendaire chance du débutant dont tous les vieux prospecteurs ont la nostalgie…).
Pensez-vous aussi que le détecteur ne réagit pas aux nombreux déchets modernes comme cartouche de chasse, papier alu et papier étain sur lesquels on doit creuser et ôter de terre pour dépollution systématique et doute sur la nature du métal détecté ? Comptez environ vingt déchets pour trouver un double tournoi (la monnaie la plus courante à trouver en France), soit une heure en moyenne. Et
vous trouverez une soixantaine de tournois ou pièces en cuivre rincées n’ayant aucune valeur marchande (mais gardées précieusement par les UDM et comptabilisées par Delestre comme objets archéologiques…) pour trouver une monnaie ou objet intéressant.
Le calcul est vite fait cela représente soixante heure de prospection soit vingt weekend ou dix pour les plus acharnés. Alors même l’estimation de vingt objets potentiellement intéressants est au-dessus de la normale car on parle de la moyenne établie sur les deux cents milles prospecteurs.
Comme toute moyenne, il y a des extrêmes, coup de chance pour l’un et rien pour les autres… Et son raisonnement est complètement faussé par ses études de trouvailles sur le net car beaucoup de prospecteurs sont heureux de montrer leurs découvertes en les publiant, action qu’ils ne font pas quand ils n’ont rien trouvé. Il base donc ses statistiques uniquement à la vue des prospections réussies. On se demande quel niveau d’étude ce mec a fait ???
Vous savez comment Delestre évalue le nombre de trouvailles prélevées sur le sol ? En gardant un œil sur le compteur des trouvailles archéologiques majeures des prospecteurs anglais résultant du fameux Treasure Act. Compteur qui enorgueillit le conservateur du British Museum. A ce jour 1,611,145 découvertes majeures : https://finds.org.uk/database
Ce même sinistre personnage parle de couches stratigraphiques ?
Veuillez remonter au paragraphe 1 plus haut, je préciserai, néanmoins, pour votre journaliste néophyte, que le prospecteur privilégie la prospections des terres cultivées pour sa facilité. Les champs en friches ou bois touffus ne permettant pas de balayer le sol.
Et dans le dernier chapitre intitulé « Biais dans l’analyse des sites » Garcia parle du manque de monnaies prélevées causant un préjudice pour dater les sites.
On en revient à l’argument d’extrême mauvaise fois, puisque, systématiquement sur terres arables et cultivées, ils ôtent les trente premiers centimètres de terre sans jamais fouiller celle-ci déposée plus loin. Il n’y a donc aucune interférence de la part des prospections de surfaces liées aux UDM.
On voit aussi, depuis quelques temps, que la monnaie antique et de haut Moyen-âge a perdu de son intérêt dans les rapports de fouilles publiés. Un réel désintéressement ! J’en veux pour preuve un article détaillé et très sévère sur le traitement scientifique des monnayages du site d’Antigny après 20 ans de fouilles… L’auteur Jean Hiernard, ancien prof de Fac et sommité archéologique, historien bien connu, faisant naguère autorité dans la région centre- ouest Poitou-Charentes, démonte les approximations scientifiques consacrées dans le volume 2 qui occupe pas moins de 175 pages (p. 682-856), sous la plume de Jean- Charles Cedelle.
A la lecture de ce pamphlet virulent, on ne peut que constater le peu d’importance apporté à l’étude scientifique des monnaies du site d’Antigny, le parent pauvre de l’archéologie au contraire de ce qu’affirme Garcia.
Le même Garcia qui a contribué à la loi du patrimoine 2016, loi génocidaire qui empêche tout inventeur fortuit d’avoir une part sur ce qu’il a découvert, cette loi a enterré les déclarations et appauvrit chaque année l’archéologie française. Il est concevable, parmi la population la plus taxée au monde, de tomber sur un inventeur qui préfèrera fondre l’or et l’argent d’objets antiques découverts et invendables en l’espèce pour en retirer un bienfait substantiel.
Pourquoi ne feriez-vous pas une enquête approfondie sur ce dernier point ? Déclaration de trouvailles trésoraires avant et après 2016 ? Mais par pitié, confiez-la à quelqu’un d’autre !
Il y aurait, bien sûr, beaucoup à dire sur les exactions des fonctionnaires de la Culture, votre journal s’en est d’ailleurs fait le héraut récent avec l’affaire de la Biblio- thèque Doucet, mais il y a aussi l’affaire Martinez et la vente Bigot pour ne citer que ces deux derniers mois et si l’on mettait ceci dans la balance, je ne suis pas certain que le pillage pencherait du côté des prospecteurs.
J’espère avoir éclairé d’un jour nouveau la plume de votre collègue, et sachez qu’en tant que petit éditeur, voir 2,5 % de mon chiffre d’affaire ponctionné pour alimenter une partie de vos finances pour acheter ce genre d’article me déplait au plus haut degré.
Je suis, persiste et signe.
Gilles Cavaillé, rédacteur de la revue
Monnaies&Détections
* On n’a pas jugé utile de vous donner le lien, ce sont les mêmes arguments donnés par Delestre à Archeologia, M6 et autres journalistes décérébrés…